En France, près de 30 % des automobilistes choisissent de ne pas déclarer certains sinistres à leur assurance, principalement pour protéger leur bonus-malus et limiter l’augmentation de leur prime annuelle. Cette tendance, révélée par une étude menée par Leocare, s’inscrit dans un contexte de hausse des tarifs d’assurance automobile, avec une progression moyenne de 6 % en 2025. Face à un budget annuel moyen désormais de 672 euros, chaque euro économisé compte. Pourtant, cette stratégie soulève de nombreuses questions : est-il légal de ne pas signaler un sinistre ? Quels sont les risques encourus ? Et surtout, est-ce vraiment avantageux financièrement sur le long terme ? Pour les assurés souscrit chez des compagnies comme MAIF, Macif, Matmut, AXA, Allianz, GMF, Groupama, Direct Assurance, MMA ou April, comprendre les implications d’une non-déclaration est crucial pour éviter une mauvaise surprise. Cet article propose une analyse approfondie des enjeux liés à la déclaration des sinistres automobiles, à la lumière du cadre légal et des pratiques actuelles.
Obligation légale de déclarer un sinistre automobile : ce que dit le Code des assurances
Selon l’article L113-2 du Code des assurances, tout assuré est tenu d’informer son assureur de tout sinistre susceptible d’engager la garantie de celui-ci. Cette obligation couvre tout événement, même minime, qui pourrait entraîner une prise en charge par l’assureur. Cependant, cette règle présente quelques nuances importantes, surtout en matière de sinistres automobiles sans tiers impliqué ou avec des dégâts très limités.
En pratique, si vous êtes assuré en tous risques, vous êtes censé déclarer tout incident, même mineur, comme une petite rayure ou un choc avec un trottoir. Néanmoins, dans la réalité, une part non négligeable d’automobilistes préfèrent régler ces réparations à leur charge pour éviter la majoration de leur prime. Cela est d’autant plus courant chez les assurés chez les grands noms du secteur tels que MAIF et GMF, où la gestion du malus est particulièrement scrutée.
La jurisprudence et les avis d’experts, comme ceux de Me Vanessa Fitoussi, avocate spécialisée en droit automobile, précisent qu’il n’y a pas de faute si l’assuré décide de réparer lui-même sans faire appel à l’assureur, à condition que :
- Aucun tiers n’ait été impliqué dans l’accident.
- Les dégâts soient vraiment mineurs et pris en charge personnellement.
- Aucun dommage corporel ou matériel conséquent ne soit à déclarer.
En revanche, si un tiers est impliqué à quelque titre que ce soit, ou si le sinistre entraîne un dommage corporel, la déclaration devient impérative. Ne pas respecter cette règle peut sortir de la simple omission à un manquement contractuel ou même à une fraude, pouvant déboucher sur une résiliation de contrat avec des compagnies comme AXA, Allianz ou MMA. Cette distinction est fondamentale pour choisir la bonne stratégie en cas d’accrochage léger.
Situation | Obligation de déclaration | Conséquences d’une non-déclaration |
---|---|---|
Sinistre avec tiers impliqué | Obligatoire | Sanctions possibles : résiliation, pénalités |
Sinistre sans tiers, dégâts mineurs | Pas obligatoire si réparation personnelle | Pas de sanctions si non déclaré |
Sinistre avec dommage corporel | Obligatoire | Sanctions sévères possibles |

Malus et majoration de prime : comment le sinistre influence votre contrat d’assurance
Une des raisons majeures poussant les conducteurs à ne pas déclarer certains accidents, en particulier les plus petits, est l’impact direct sur leur malus auto. Ce mécanisme est une pénalité basée sur le coefficient de réduction-majoration (CRM) qui augmente le coût de la prime en cas de sinistre responsable. Ce système est universellement appliqué par tous les assureurs, tels que Direct Assurance ou Groupama.
Lorsqu’un sinistre responsable est déclaré, le coefficient de base (1) est majoré de 25 %. Cela signifie que l’assuré paiera une prime plus élevée l’année suivante. En cas de multiplication des accidents, cette majoration peut atteindre un plafond : le coefficient ne peut dépasser 3,5, ce qui signifie que la prime peut être multipliée par plus de trois. Pour mieux illustrer :
- Si un assuré paye 1 000 euros par an, après un sinistre responsable, sa prime passe à 1 250 euros.
- Après plusieurs sinistres successifs, la prime pourra s’élever jusqu’à 3 500 euros.
Le bonus accumulé au fil des années peut atténuer cette majoration, toutefois, pour un nouveau conducteur ou un assuré sans bonus, la hausse reste particulièrement lourde. D’où l’intérêt économique, en apparence, de ne pas déclarer un sinistre mineur, surtout si :
- Le coût de réparation est inférieur à 150 euros.
- Le montant des dégâts est inférieur à la franchise fixée par le contrat.
Pour les franchisés plus élevés, comme chez MMA ou April, cela peut rapidement devenir une décision sensée financièrement : si votre franchise est de 300 euros et que le sinistre coûte moins, l’assurance ne vous indemnisera pas. Dans ces cas, réparer de manière autonome est économiquement avantageux et évite un malus.
Par ailleurs, certains sinistres, notamment les bris de glace, vol, incendie ou accidents sans responsabilité, n’entrainent pas de malus. Les compagnies d’assurance recommandent alors de ne pas hésiter à les déclarer afin de bénéficier de la garantie sans pénalité, illustration concrète chez les assurés de la MAIF ou de la Macif.
Type de sinistre | Impact sur le malus | Conseil |
---|---|---|
Sinistre responsable | Application d’un malus (majoration de 25%) | Évaluer coût réparation vs malus |
Sinistre non responsable | Pas de malus | Déclarer sans hésiter |
Bris de glace | Pas de malus | Déclarer afin d’être indemnisé |
Vol ou incendie | Pas de malus | Déclarer immédiatement |
Dommages inférieurs à la franchise | Aucun remboursement | Réparer soi-même |
Les conséquences financières et juridiques de la non-déclaration de sinistre
Ne pas déclarer un sinistre pour éviter un malus peut sembler attrayant, mais cette pratique comporte des risques financiers et juridiques qu’il ne faut pas sous-estimer. Tout d’abord, en cas d’un contrôle ou d’une nouvelle déclaration ultérieure, votre assureur, qu’il soit chez Allianz, Groupama ou tout autre groupe, pourrait considérer la non-déclaration comme une fraude.
Cette situation peut engendrer plusieurs conséquences :
- Résiliation du contrat d’assurance pour non-respect des clauses contractuelles.
- Refus d’indemnisation pour ce sinistre ou des sinistres antérieurs.
- Augmentation des primes, parfois plusieurs années après l’accident.
- Poursuites pénales en cas de fraude manifeste ou dissimulation d’un sinistre grave.
En matière financière, une réparation non déclarée peut sembler avantageuse à court terme, mais elle implique que vous supportez seul tous les frais liés aux dégâts, même si ces derniers s’aggravaient par la suite. Par exemple, un léger accrochage non déclaré sur un pare-chocs pourrait entraîner une corrosion ou un dommage structurel à long terme, avec des coûts bien plus élevés.
De plus, un sinistre non déclaré peut engager votre responsabilité civile vis-à-vis d’un tiers si celui-ci s’avérait impliqué ou si des suites imprévues apparaissaient. En cas d’accident, certains assureurs comme la Matmut ou April rappellent que la probité est un gage pour maintenir de bonnes relations contractuelles.
Alternatives à la non-déclaration : comment gérer un sinistre pour limiter les effets négatifs
Plutôt que de risquer une fraude ou une non-conformité contractuelle, plusieurs stratégies peuvent être adoptées par les assurés souhaitant limiter l’impact d’un sinistre sur leur malus :
- Prendre en compte le montant des réparations : faire un devis avant toute déclaration permet d’évaluer si la réparation justifie une déclaration à l’assurance.
- Utiliser la franchise à bon escient : si le coût de la réparation est inférieur à la franchise, il est conseillé d’intervenir sans recours à l’assurance.
- Choisir une garantie adaptée à son profil : certains contrats proposent des options « sans malus » ou « protection du bonus » contre majoration après un sinistre responsable.
- Opter pour une déclaration concise : en signalant uniquement les sinistres avec tiers, dommages corporels ou élevés, vous limitez les impacts sur votre prime.
De plus, en cas de doute, la consultation d’un courtier ou d’un expert en assurance est une excellente solution pour trouver une alternative adaptée à votre situation. Les conseillers de la Macif ou de la MAIF, par exemple, peuvent aider à choisir les options les plus économiques et légales pour chaque profil.
Enfin, le recours au système D (réparations personnelles ou par un garagiste ami) reste une méthode utilisée par beaucoup, mais il vaut mieux la privilégier uniquement lorsque cela ne contredit pas la loi ni les clauses du contrat.
Les petits sinistres bénins : un terrain d’entente tacite entre assurés et compagnies
Il existe une forme de confiance implicite entre assurés et compagnies d’assurance concernant les sinistres de faible gravité. Dans une large majorité des cas, notamment pour des accidents sans tiers et avec des dommages limités, la non-déclaration est tolérée tant que la réparation est prise en charge par l’assuré.
Cette pratique se retrouve chez des acteurs comme AXA ou Direct Assurance qui, confrontés à la montée des sinistres mineurs déclarés, privilégient une gestion pragmatique. Il s’agit d’éviter une surcharge administrative inutile et de maintenir un équilibre financier équilibré pour tous les assurés.
- Impact de gravillon sur pare-brise.
- Accrochage léger avec un trottoir ou un obstacle fixe.
- Petite rayure ou éclat de peinture.
Dans l’étude Leocare, 46 % des automobilistes concernés n’ont pas déclaré de petit impact sur leur pare-brise, tandis que 59 % ont préféré ne pas signaler un accrochage avec un trottoir. Peuvent-ils être qualifiés de hors-la-loi ? Non, si la prise en charge est volontaire et sans implication d’un tiers, la législation n’est pas violée. Cette forme de « non déclaration » permet donc aux assurés de préserver leur bonus dans un contexte économique tendu.
Cependant, il est crucial de garder à l’esprit que toute situation évoluant vers un conflit de responsabilité ou une aggravation des dommages nécessite une déclaration immédiate.
Sinistre mineur | Déclaration recommandée | Conséquence sur malus |
---|---|---|
Impact gravillon sur pare-brise | Non obligatoire | Aucun malus |
Accrochage léger sans tiers | Non obligatoire | Aucun malus |
Rayure ou éclat mineur | Non obligatoire | Aucun malus |
Questions courantes des assurés concernant la déclaration des sinistres automobiles
Est-il obligatoire de déclarer un sinistre responsable sans tiers impliqué ?
Oui, la déclaration est légalement requise si vous souhaitez être pris en charge par l’assurance, mais elle peut être omise si vous décidez de réparer les dégâts vous-même et qu’aucune autre partie n’est concernée.
Que faire si la réparation coûte moins que ma franchise ?
Il est préférable de payer ces réparations sans passer par l’assurance car vous ne serez indemnisé qu’à partir du seuil de votre franchise. Cela évite aussi toute majoration de la prime.
Un bris de glace sera-t-il toujours sans impact sur mon malus ?
Oui, les bris de glace ne déclenchent pas de malus, même s’ils sont pris en charge par votre assurance, c’est une garantie souvent offerte par tous les grands assureurs comme la MAIF, AXA, ou la Matmut.
Quels sont les risques si je ne déclare pas un accident avec un tiers ?
Vous vous exposez à la résiliation de votre contrat, au refus de garantie et à d’éventuelles poursuites judiciaires, notamment si le tiers engage une procédure.
Comment choisir une assurance automobile qui limite l’impact du malus ?
Cherchez des options spécifiques « bonus protégé » ou des offres sans malus après un premier sinistre. Discutez-en avec des assureurs comme Groupama, MMA ou Direct Assurance pour comparer les formules adaptées à votre profil.